août 1944
Libération de Châteaudun
CHATEAUDUN
Jeudi 17 Août 1944
Témoignage extrait de Highlights from Yanks
Livre de G Forty, Patton’s Third Army at War
La jeep du Major Charles W. KETTERMAN (marquage: 3A 17GQ)
Le Sergent S. Levitt, appartenant alors au Service de l’Intendance (Quatermaster Corps) de l’armée des Etats-Unis, raconte, dans Higfhlights form yank, publié en 1955 à New-York, l’histoire de la Libération de Châteaudun les 15 et 16 août 1944 par un officier et un soldat du Service de l’Intendance. Cette histoire est citée par G. Forty dans son splendide ouvrage Patton’s Third Army at War, publié à Londres en 1978.
Voici ce que raconte le Sergent Levitt :
« A son dossier même, vous comprenez immédiatement que le Major Charles W. Ketterman de Pasadena en Californie, faisant partie de l’Intendance, était un fantassin déçu. Il avait appartenu à l’Infanterie pendant la Grande Guerre et, à Soissons, avait reçu la Croix de Guerre pour avoir détruit une paire de mitrailleuses allemandes. Mais au début de cette guerre, l’Armée l’avait relégué dans une unité de l’Intendance, ruinant ainsi en lui, tout projet d’opération qu’il aurait pu mettre au point.
De même pour le chauffeur du Major, le 2ème classe Ernest Jenkins, la perspective du combat ne sautait pas aux yeux. C’était un noir de 21 ans, peu loquace, de la ville même de New-York. C’était aussi un soldat de l’Intendance armé d’un fusil Springfield 1903. Il n’avait jamais dit qu’il voulait tuer des Allemands, et il n’avait jamais dit le contraire non plus. La routine de son travail permettait seulement au Major de disposer d’une jeep et donc d’approcher les combats en roulant autour du lieu de l’action aussi souvent que possible ; ce qu’il faisait. Il s’en allait toujours avec Jenkins au volant, et ils ramassaient des bricoles, comme des grenades à mains, qu’ils conservaient ».
Le Major et son chauffeur appartiennent à un bataillon du Service de l’Intendance, avec lequel ils jouent à cache-cache dans la splendide confusion qui règne alors en France, depuis la fameuse percée de Saint-Lô à la mi-juillet 1944...
« Ce fut pendant l’une de ces périodes où son bataillon était parti et qu’il le cherchait, que le Major et son soldat se retrouvèrent roulant de Brou vers Châteaudun par une journée du mois d’août. Alors que la jeep roulait vers le sud, tout était calme, de cette sorte de calme qui inquiète tout soldat. Le Major était conscient de ce calme, mais cela ne l’empêcha pas de continuer. Peut-être cherchait-il quelque chose ? Tous deux n’avaient pas dormi depuis 24 heures ».
Sur la route de Châteaudun, ils croisent une autre jeep qui en revient. Les passagers annoncent la présence d’Allemands dans la ville et acceptent à contrecœur d’accompagner le Major vers la ville, bien que disposant d’une mitrailleuse de ‘30 ».
« Alors qu’ils arrivaient sur la butte où l’on découvrait Châteaudun en contre bas, des obus éclatèrent autour d’eux, venus de l’autre rive du Loir et aspergeant la route. C’était à l’évidence un tir d’artillerie ennemi. Qui était dirigé vers eux. Ce qui signifiait que les canons allemands battaient la route par observation directe. Les passagers des jeeps s’abritèrent derrière un mur de pierre de l’autre côté de la route. Ceux de l’autre jeep restèrent un moment puis se rappelèrent une mission urgente à remplir immédiatement. Ils décampèrent. Le Major et le soldat se retrouvèrent isolés dans un jardin, derrière un mur, dans les faubourgs de la ville ».
Un Français se montre. Le Major se propose de neutraliser le canon. Le Français leur indique le passage. Pendant ce temps l’artillerie américaine tire sur la ville, ce qui est rassurant. A la tombée de la nuit, les deux américains approchent du canon. Le Major tire avec son fusil sur les servants du canon. Cela dure trois heures, jusqu’à minuit « par une belle nuit sans lune mais tout étoilée ».
« Le 16 août - Ils savaient qu’ils avaient tué et blessé les servants du canon. Alors cela commença à bouger. Le son des moteurs sans aucune erreur. Puis de nouveau le calme.
- Jenkins ?
- oui, m’sieur.
- que diriez-vous de traverser la rivière et de regarder ?
- ça me va, m’sieur.
Dans l’obscurité, ils essayèrent de pénétrer dans le centre-ville de Châteaudun. Mais à mi-chemin, ils manquèrent de tomber dans la rivière. Les Allemands avaient détruit l’arche centrale. Le Major et le soldat revinrent au mur de pierre et dormirent jusqu’à l’aube. Quand ils se réveillèrent et regardèrent au-delà de la rivière, le canon et les hommes étaient partis ».
Apparaissent alors quelques Français, ignorants de la situation. On tire en direction des positions allemandes. Le Major reconnaît des armes américaines. Avec son chauffeur, ils traversent la rivière et deviennent les premiers libérateurs de Châteaudun.
« Mais il y avait encore des Allemands dans la ville - une quinzaine aux dires du Préfet de Police - cachés dans un abri dans les jardins de l’hôpital, et un autre enfermé dans la prison de la ville. Le Major réfléchit à ce problème militaire et se concentra. Puis il consulta son armée constituée d’un seul homme en la personne du 2ème classe Jenkins ».
Avec des grenades à mains, le fusil du soldat et le P.A 45 de l’officier, le Major pense capturer les Allemands.
« Grâce à un interprète, le Major expliqua à son prisonnier allemand qu’il devait transmettre l’ultimatum des Américains : des grenades seraient lancées dans l’abri si les Allemands ne se rendaient pas. La foule entourait les jardins de l’hôpital autour de l’abri. Les deux Américains se tinrent à 25 pas, face à l’abri et attendirent. Ce fut une longue attente qui dura cinq bonnes minutes, puis les Allemands sortirent sans armes. Dans l’abri reposaient quelques blessés. Trois hommes avaient été tués dans la nuit par des coups de feu « tirés de quelque part » dirent-ils. Ceux de l’abri avaient été blessés en même temps. Quinze avaient été laissés en protection de l’arrière-garde, le canon et les autres avaient quitté la ville vers l’est ».
C’est alors de délire des premières heures de la Libération. (Le 17 août vers 11h00).
« C’était il y a longtemps, aux jours anciens de la percée, après Saint-Lô, alors que nous chargions à travers la France. Ils avaient pris Châteaudun, juste à temps, se frayant une route de par la ville : le Major qui avait été un jour un fantassin et ne pouvait l’oublier, et le soldat, qui même en colère n’avait jamais tiré un seul coup de fusil »
Le Major et son chauffeur regagnent le PC du bataillon pour y dormir.
« Note - Le Major et le soldat reçurent la Silver Star qui leur fut épinglée par le Lieutenant-Général Georges S. PATTON Jr »
Témoignage extrait de PAROISE St JEAN DE LA CHAINE :
Le 13 août, les allemands ayant déposé des barils de poudre sur les deux ponts pour les faire sauter en cas de départ, ne retrouvent plus leurs barils malgré la présence de sentinelles qui les gardaient. Ils avaient été jetés à la rivière pendant la nuit. Le dimanche 13 vers midi menace est faite de prendre 100 otages à St Jean si les barils ne sont rapportés.
Le dernier char allemand quitte St Jean (Tigre n°10) avant que le pont St Médard saute.
La population fuit en masse dans les champs et les bois, il ne reste plus dans St Jean qu’un très petit nombre de paroissiens avec Mr le Curé, enfin les barils sont repêchés, rapportés et malheureusement remplis à nouveau de leur dangereux contenu et replacés mais sur le pont St Médard seulement.
Le 16 au matin, une dizaine de batteries antichars sont disposés autour de St Jean dans les champs. Vers midi une voiture américaine conduite par deux soldats descend la route de Brou. Elle est atteinte à 20 mètres du pays par un canon placé sur le bord de la route et les deux occupants sont tués (d’après un témoin de cette scène, les deux soldats américains n’étaient que blessés et ils furent achevés par une balle dans la tête par les allemands) l’officier a bord de la jeep était le Major Alfred J Scott du XXè Corps d’Armée US.
Le soir, vers 16 heures, les allemands remontent vers Châteaudun avec toutes leurs pièces. St Jean ne sera donc pas défendu, mais à 8 heures du soir quand la dernière voiture a passé, le pont St Médard saute dans un fracas formidable, toutes les vitres et beaucoup de cloisons et portes intérieures et extérieurs sont brisées jusqu’à 200 mètres. Les maisons autour du pont sont inhabitables et une vingtaine de ménages sont sans logement ; Ils furent logés le jour même en ville dans des maisons de réquisition.
Le 17, les troupes américaines de la 35è Division d’Infanterie entraient à St Jean vers 9 heures 30 du matin, dans le calme le plus complet.
16 août 44, 20h00, le pont St Médard saute.
Les troupes américaines (320th Inf Regt, 35è division d’infanterie) entrent dans St Jean
Le Bon Dieu protégea St Jean qui aurait nécessairement été anéanti si les batteries antitanks étaient demeurées dans les champs et avaient riposté tant soit peu au bombardement américain de la nuit du 16 au 17 août.
Le pont St Médard détruit.
Prisonniers Allemands près de Châteaudun.






